
Pourquoi une personne décide-t-elle de se dissocier de sa vie pendant un mois et de marcher 700 km? Est-ce un temps de retrait? Une occasion de refléter sur la vie? Un pèlerinage spirituel? Du tourisme lent? Pour moi, chacune de ces raisons m’interpellait.
Deux semaines après le début de la pandémie, mon deuxième fils qui vivait avec des handicaps importants est décédé des complications d’une pneumonie non liée à la COVID. Au début de 2022, au moment où les restrictions COVID s’assouplissaient, j’avais soif d’une période de solitude soutenue pour réfléchir aux nombreux changements dans ma vie, une chance de songer à la nouvelle voie qui m’attendait après son décès. Je rêvais de faire le Camino un jour, mais quand j’ai entendu parler du chemin de l’Île, l’idée d’un camino canadien comme premier pèlerinage me plaisait.
Je possède un petit véhicule récréatif de classe C et l’idée de camper et de me promener à l’Î.-P.-É. m’a séduit. J’ai communiqué avec Bill Kendrick d’Experience PEI et, ensemble, nous avons élaboré un itinéraire avec des nuits aux terrains de campings entrecoupées d’hébergement en auberge pour le mois de juin. Dès la fin du mois de mai, j’ai quitté l’Ontario et je suis partie en direction de l’Île-du-Prince-Édouard. Je me suis arrêtée en cours de route pour rendre visite à ma famille et pour visiter les Hopewell Rocks dans la baie de Fundy. Je suis arrivée à Charlottetown le 24 mai, puis je me suis lancée sur la marche le 26 mai pour enfin terminer le chemin de l’Île le 27 juin.

Le point culminant de ma marche a incontestablement été les gens. Au cours de ma marche, j’ai rencontré un grand nombre de gens sympathiques et solidaires. Certains m’ont aidé sur le sentier, mais beaucoup m’ont offert de l’aide pour me rendre au sentier et pour en revenir, et ont veillé à ce que je sois à l’aise et que j’aie accès à de la nourriture tout au long du mois. Il y avait Bill, mon chauffeur de navette qui m’a reconduit au début de ma marche, et qui est venu me chercher le jour de la dernière section. Il m’a rencontrée au parc Joe Ghiz avec une bouteille de vin pétillant et il m’a applaudie pour les derniers mètres de ma marche. Mickey, mon chauffeur de navette dans toute la section du milieu, est venu me chercher le matin avec un café chaud. Lorsque j’ai eu envie de manger des crêpes, Wanda m’en a cuisiné, et elle a aussi satisfait à l’envie de homard de ma sœur en visite (commandez un « Hot Bob » au Boathouse et vous en rirez bien). Ensuite, James au Boathouse à Siren’s Beach a cuisiné un pudding au pain si délicieux que je lui ai fait une demande en mariage sur place. Bon, nous sommes tous les deux heureux mariés, mais ce n’est qu’un inconvénient mineur! Sérieusement, si vous vous rendez à l’Î.-P.-É. et que vous n’allez pas déguster son pudding au pain, vous ne savez pas ce que vous manquez!
La seule chose qui pourrait rivaliser avec les gens merveilleux de l’Île était le paysage. Des phoques qui se pointaient le nez hors de l’eau à la pointe nord, aux routes de terre au rouge vif, jusqu’aux lupins violets omniprésents entourant les phares pittoresques, le paysage était varié et magnifique. Bien qu’il soit difficile de choisir une section préférée, les deux jours de marche dans les parcs nationaux ont été un moment fort. Les longues sections de marche sur le Sentier de la Confédération invitaient à s’adonner à la contemplation silencieuse que je recherchais et je suis revenue en Ontario avec un sentiment de paix.



J’ai reçu plusieurs messages de personnes qui cherchaient des détails pratiques en matière de logistique. En voici quelques-uns que j’ai le plaisir de partager :
- J’ai organisé mon voyage avec Bill Kendrick d’Experience PEI. J’ai trouvé cela extrêmement utile de travailler avec lui et, à mon avis, ce fut des sous bien investis. Il connaît bien l’Île et le chemin de l’Île, et il connaît les entreprises qui appuient les marcheurs. Par exemple, Siren’s Beach dans la côte Est offre un « forfait marcheur » qui fournit l’hébergement et le petit déjeuner, ainsi que des navettes et des boîtes-repas au besoin. Bishop’s Rest Inn fournit à la fois l’hébergement et le petit déjeuner, mais préparera également le souper. Le propriétaire est un chef avec certification sceau rouge, et la nourriture était incroyable. Ne manquez pas ses brioches à la cannelle. Dans notre famille, nous prenons les brioches très au sérieux, et ses pâtisseries sont les meilleures que j’ai jamais mangées.
- J’ai une vaste expérience de la randonnée sur le sentier Bruce en Ontario. Pour les sentiers sauvages, je porte des bottes de randonnée traditionnelles et j’utilise des bâtons. Je n’en ai pas eu besoin pour la marche. Pour le chemin de l’Île, je portais généralement des chaussures Hoka, à l’exception des jours de pluie où je passais aux chaussures Oboz imperméables. J’ai apporté mes bâtons, mais je ne les ai pas utilisés une seule fois. En juin, le temps était confortablement frais et je portais toujours des pantalons longs et des chemises à manches longues. Sur le Sentier de la Confédération, il y a des moustiques et le fait de porter des chemises à manches longues avec un vaporisateur anti-insectes à base de DEET a réduit au minimum les piqûres d’insectes.
- Un bon nombre de kilomètres de marche se font sur la route si vous prévoyez faire le parcours complet de 700 km, mais beaucoup de routes sont des routes de campagne calmes. Certains sont des chemins de terre sans circulation. Il y a un petit nombre de sections où vous marcherez le long d’une route très fréquentée. Au début, je m’inquiétais sur ces routes, mais la circulation ralentissait presque toujours et les véhicules me contournaient avec un espace suffisant, y compris les sept kilomètres le long de la Transcanadienne. Le problème avec la marche sur la route était qu’il n’y avait pas toujours d’endroit pour s’arrêter et prendre une pause et boire de l’eau car il est difficile de s’assoir sur l’accotement d’une route. J’aimais généralement prendre ma collation ou mon dîner sur les marches d’une église locale ou d’un centre communautaire, et j’ai noté ces points d’arrêt sur Google Maps. De plus, les salles de bains sont plutôt rares sur de nombreuses sections de la marche. Certaines sections le long du Sentier de la Confédération offraient des salles de bains, mais on ne les trouvait pas partout. Avant d’entamer ma marche dans chaque section, j’examinais généralement la carte du chemin de l’Île avec le Guide des sentiers et les cartes Google et je notais les lieux de pause, les salles de bains possibles et d’autres commodités.
- La majeure partie de mon expérience de randonnée s’est faite le long de sentiers sauvages où vous pouvez généralement voir le prochain panneau peint de presque chaque endroit où vous vous trouvez. Au début, je m’inquiétais des panneaux peu fréquents sur le chemin – pour le chemin de l’Île, vous marcherez des kilomètres sans voir de panneau. Je n’avais pas besoin de m’inquiéter. Tant que vous n’êtes pas trop distrait, vous ne pouvez pas perdre la piste. J’utilisais parfois Google Maps pour confirmer où j’étais, mais je ne me suis jamais perdue et je me suis toujours sentie en sécurité.

Le chemin de l’Île est une merveilleuse occasion de faire un pèlerinage de longue durée au Canada. J’ai quitté l’Ontario à la recherche d’une aventure, d’une chance de faire l’expérience d’un voyage en solo et d’une occasion d’avoir du temps seule et de réfléchir après deux années accablantes et tumultueuses. Le chemin de l’Île promet aux marcheurs qu’ils « reviendront changés » et je peux dire en toute confiance que je suis rentrée chez moi changée, parvenant à un espace de paix quelque part le long des 700 km. J’encourage chacun à faire le chemin de l’Île, vous n’aurez aucun regret.