
Par Bernie Brunino
J’avais besoin de sortir de chez moi. Les vagues de la Covid-19 et ses restrictions commençaient vraiment à me donner la nausée. Les plans de randonnée que je préparais quand on balbutiait à peine le mot pandémie sont tombés à l’eau lorsque l’incertitude sanitaire en Europe ne m’a pas donné le sentiment de sécurité dont j’avais besoin pour partir y faire mon périple. C’est ainsi que j’ai commencé à planifier une différente randonnée, mais cette fois-ci, au Canada. Je suis tombé sur une toute nouvelle randonnée (ce qui est toujours intriguant) à l’Île-du-Prince-Édouard, une province qui, jusqu’à ce jour, s’est démarquée dans la façon dont elle a géré avec succès la propagation de la Covid-19.
Il ne m’a fallu que quelques minutes de recherche pour me décider à faire du chemin de l’Île ma prochaine excursion.
Après un nombre considérable d’heures de planification, j’avais finalement tracé mon itinéraire : je passerais 15 nuits en hébergement et 17 nuits en camping. J’ai bouclé mes bagages et je me suis rendu à Charlottetown.
Je ne sais pas s’il en est ainsi pour les autres randonneurs, mais la sensation du poids d’un sac à dos et d’une paire de chaussures de randonnée confortables me procure un véritable sentiment de bien-être. Le premier jour, le soleil était au rendez-vous, le ciel était bleu et j’étais au sommet du monde. Le deuxième jour, les restes de l’ouragan Ida et sa pluie s’étaient installés et, comme si cela ne suffisait pas, les restes de l’ouragan Larry faisaient persister le mauvais temps. Inutile de dire que le camping que j’avais prévu ne m’apparaissait plus aussi intéressant. Merci mère Nature! Avec la pluie et le vent qui n’étaient pas près de s’arrêter, j’ai rapidement compris que le camping ne serait pas une option viable pendant un certain temps, voire même pour la durée du parcours. L’une des meilleures ressources que j’ai eues à ma disposition (et peut-être même pour tout marcheur de l’Île) a été le groupe de discussion de la page Facebook du chemin de l’Île. J’y ai donc envoyé un message pour me renseigner des services offerts dans la région. En peu de temps, j’avais reçu de nombreuses réponses qui m’indiquaient quels étaient les B & B disponibles, lesquels offraient un service de navette, le nom des restaurants à proximité, etc. En quelques coups de fil et courriels, il n’a pas fallu longtemps pour trouver un hébergement. Après une longue journée de marche sous la pluie, il était bon de savoir que j’aurais un toit au-dessus de ma tête et un lit chaud pour dormir.
De plus, l’itinéraire offre une belle variété de randonnées. Que ce soit sur le Sentier de la Confédération, sur les chemins de terre rouge, sur les plages de sable ou sur les routes pavées (oui, il y en a aussi), il faut la combinaison de toutes ces sections pour donner au randonneur de l’Île une bonne image de ce que cette dernière a à offrir. Par exemple, marcher sur les plages (marée basse oblige dans certains cas) vous donne une excellente occasion de faire une pause et d’enlever vos chaussures pour vous rafraîchir en marchant le long du rivage, ou bien pour offrir à vos pieds un massage en marchant dans le sable. Le chemin de l’Île n’est pas un circuit trop difficile, même pour ceux qui ne sont pas habitués à parcourir de longues distances jour après jour. Par ailleurs, en suivant la signalisation du circuit, il est presque impossible de se perdre. Cela vous permet de marcher sans vous demander constamment où vous diriger ensuite.
Si je disais que faire le tour de l’Î.-P.-É. a été une excellente façon de visiter cette douce et magnifique province, je ne ferais que répéter ce que beaucoup d’autres ont déjà dit dans leurs commentaires. En réalité, l’expérience va bien au-delà de cela.
Le fait que mes plans d’hébergement soient tombés à l’eau n’était qu’un inconvénient mineur qui s’est réorganisé rapidement. J’ai vite découvert que les hôtes des B & B, des auberges, des chalets, etc., sont parmi les personnes les plus authentiques, les plus amicales et les plus sincères que j’aie jamais rencontrées. La plupart de ces personnes, je ne les aurais jamais rencontrées si mes projets initiaux s’étaient concrétisés. Doreen, du B & B de Bryanton à Kensington, m’a offert de garder chez elle mon équipement de camping (8 livres d’équipements que je transportais inutilement) et de me le déposer à Charlottetown lorsque j’aurais terminé. J’ai accepté son offre très généreuse et, comme convenu, elle a ramené le tout à mon arrivée à Charlottetown. Je me souviens aussi de Colleen, de l’auberge Tignish Inn, que j’ai appelée à la dernière minute parce qu’il pleuvait à verse et que je cherchais un endroit où rester. Non seulement j’ai obtenu une chambre, mais elle est venue me chercher. Lisa et Paul de Briarwood veulent vraiment que vous profitiez de leur propriété et s’assurent que vous êtes à l’aise. Liz et Sandy de chez Siren’s Beach sont deux merveilleuses dames qui me font encore rire quand je pense à mon séjour là-bas. Ma femme m’y a rejoint pour une semaine alors que je marchais cette section du circuit et nous avons séjourné là ensemble. Ma femme les a absolument adorées toutes les deux. Liling, de l’auberge St Peters Bayside Inn, une autre dame généreuse qui a offert de venir me chercher et de me déposer là où j’en avais besoin durant mon séjour dans cette région. J’ai même rencontré une dame qui, je l’ignorais, avait fermé son B & B. Lorsque j’ai téléphoné pour savoir si je pouvais réserver une chambre, elle m’a dit que son B & B était fermé. Mais, réalisant qu’il n’y avait pas d’autre hébergement dans sa région, elle m’a permis de réserver une chambre pour la nuit. Je pourrais continuer à énumérer tous les endroits où j’ai séjourné, le but étant de démontrer qu’il ne s’agit pas seulement d’une relation impersonnelle du type check-in et check-out. Les hôtes veulent que vous soyez à l’aise et feront tout ce qu’ils peuvent pour vous aider. Finalement, peut-être que la pluie m’a obligé à changer mes plans, mais tout compte fait, ce n’était pas un inconvénient du tout ni une malchance. Il se pourrait bien que ma destinée ait été de prendre conscience non seulement de la beauté de l’Île, mais aussi de la beauté du cœur des gens.